La rareté de l'eau et la faible croissance de la demande chez les principaux partenaires commerciaux pourraient peser sur les perspectives à court terme

L’économie marocaine devrait afficher une croissance annuelle d’environ +3% en 2023, reflétant la faible croissance de la demande chez ses principaux partenaires commerciaux. Les exportations de produits agricoles, de phosphates et de produits manufacturés (composants automobiles, conducteurs et fils) réduiront le déficit extérieur, tandis que les pressions inflationnistes liées aux produits alimentaires devraient se normaliser.

L’inflation annuelle a atteint 6,6 % en 2022, les prix des produits alimentaires augmentant de 11,0 % et les prix non alimentaires de 3,9 %, principalement en raison des prix des transports, qui ont augmenté de 12,2 % en 2022. La banque centrale a relevé son taux directeur de 100 points de base à 2,5 % l’an dernier en deux étapes en septembre et en décembre, dans l’espoir de contenir les pressions inflationnistes. La croissance des prix des transports s’est ralentie ces derniers mois, tandis que les prix des denrées alimentaires restent le principal moteur de l’inflation (15,5 % en glissement annuel).

Les prévisions d’une accélération de la croissance économique en 2023 reposent principalement sur les anticipations d’une reprise du secteur agricole, mais les conditions climatiques, la rareté de l’eau et la nécessité de donner la priorité à la consommation domestique et à la production intérieure d’électricité pèseront sur les récoltes.

Le niveau des précipitations en décembre était inférieur de 24 % à la moyenne sur 10 ans et de 8,4 % inférieur à celui de la même période en 2021.

À la fin de 2022, le gouvernement a décidé de réduire de 75% la quantité d'eau des barrages du royaume utilisée pour l'irrigation des terres agricoles. En janvier 2023, les réserves d'eau dans les barrages étaient remplies à hauteur de 24%, ce qui signifie que seuls 20% peuvent être utilisés pour l'irrigation, le reste étant réservé à la consommation. La sécheresse a fortement impacté la production agricole du Maroc en 2022: la dernière récolte de céréales a chuté des deux tiers pour atteindre 3,4 millions de tonnes, réduisant sa contribution à la croissance du PIB d'environ 2 points de pourcentage. Le Maroc a dû augmenter ses importations de céréales de +80% entre janvier et octobre 2022 pour répondre à la demande intérieure. Cependant, le niveau de précipitations entre septembre 2022 et début février 2023 a augmenté de +88% pour atteindre une moyenne de 72 millimètres, tandis que les ressources en eau dépassent 2,1 milliards de mètres cubes, soit le double de la même période en 2022.

L'autre risque pour les perspectives est la reprise du prix des matières premières que le Maroc importe. L'économie dépend fortement des importations d'énergie et donc des prix volatils du pétrole et du gaz. L'année dernière, la facture énergétique a plus que doublé en raison de la hausse des prix des carburants. Le gouvernement prévoit d'investir environ 195 millions de dollars pour augmenter la capacité de stockage de carburant d'ici fin 2023. Cette expansion devrait ajouter 13 jours à la capacité actuelle, suffisamment pour couvrir les besoins d'un mois.

Enfin, les tensions diplomatiques accrues avec les pays voisins et l'Union européenne pourraient également peser sur les perspectives économiques en 2023.