La zone euro ressent particulièrement les conséquences économiques de la guerre que la Russie a déclenchée il y a exactement un an en envahissant l'Ukraine. Mais qu'en est-il de l'économie de chacun des deux adversaires ? Dans le rapport « Russia’s war economy », notre département de recherche examine de plus près la situation économique en Russie et en Ukraine.
L'économie russe est officiellement entrée en récession l'an dernier parce que les deuxième et troisième trimestres de l'année dernière ont affiché une croissance négative (de chaque fois -4%). Cependant, le premier trimestre affiche tout de même une croissance de +3,5%. Pour l'ensemble de l'année, le produit intérieur brut (PIB) n'a diminué que de -2,1 % l'an dernier. Nous nous basons sur les données de Rosstat, le Service fédéral des statistiques de l'État russe. La question est de savoir si ces données sont fiables.

Quoi qu'il en soit, une diminution de -2,1% est toujours mieux que ce qui était prévu, mais cela ne veut pas dire que les sanctions contre le pays ne fonctionnent pas. Les données de l'Office statistique de l'Union européenne montrent que le commerce mutuel entre la Russie et l'UE (les importations en provenance de la Russie ainsi que les exportations vers la Russie) a diminué environ de moitié. C'est un coup dur pour l'économie russe. Le pays a perdu une partie importante de ses fournisseurs et de ses marchés. C'est principalement à cause des sanctions, que l'UE a reçu moins de pétrole, de gaz et d'acier en provenance de Russie. La Russie elle-même a également réduit son exportation de gaz vers les pays européens.

Le ralentissement de l'économie russe est atténué par une forte augmentation des dépenses publiques et de nombreuses mesures de relance budgétaire. Le pays a également bénéficié l'an dernier de recettes record provenant des exportations d'énergie, grâce à la hausse des prix du pétrole et du gaz. La Chine, l'Inde et la Turquie sont désormais les principaux acheteurs de pétrole russe. Une partie est d'ailleurs revendue de manière détournée aux pays qui appliquent des sanctions. Notre département de recherche s'attend à ce que la production de pétrole et de produits pétroliers russes diminue d'environ -5 % en 2023 par rapport à 2022. Les recettes du gaz russe chuteront également de manière significative. Début février 2023, l'embargo de l'UE sur les produits pétroliers russes est entré en vigueur. Ce qui devrait encore affaiblir la production des raffineries au sein du pays.

Un autre facteur qui a joué l'an dernier a été le taux de change favorable du rouble (en partie grâce à l'intervention de la banque centrale russe, qui a relevé les taux d'intérêt de 9,5 % à 20 %). Le rouble a maintenant atteint son taux le plus bas depuis avril de l'année dernière.

Nos chercheurs pensent que la Russie va connaître une autre année économique difficile. Ce qui nous fait supposer une contraction de -1 %. Alors que la guerre se poursuit, l'incertitude économique aussi. Les entreprises continuent de reporter leurs investissements et les consommateurs gardent les cordons de leur bourse serrés. Nous prévoyons également une baisse des revenus pétroliers russes en raison de la baisse des prix et des volumes d'exportation.

Comment se porte l'économie ukrainienne ? L'année qui s'est écoulée a bien sûr eu des conséquences dramatiques. L'économie ukrainienne s'est contractée de -34% l'an dernier. Ce n'était pas seulement dû à l'invasion russe, les récoltes ont également été plus faibles en raison du mauvais temps. Selon nos chercheurs, la chute libre devrait prendre fin cette année. Nous attendons une croissance économique d'environ +1% pour 2023. Bien entendu, nous devons rester prudents en raison du risque de guerre.

D'après les données du Service fédéral des statistiques de l'État russe, l'inflation en Ukraine aurait augmenté en moyenne de +26,6% l'an dernier en raison de l'invasion russe du pays. L'inflation a donc été plus faible que prévu, car une augmentation allant jusqu'à + 30 % était attendue. En 2021, l'inflation augmentait encore de +10%. Le ralentissement de la croissance, aussi bien que celui de l'inflation ont exercé une pression importante sur le budget du pays. Le déficit public de l'Ukraine a quadruplé l'an dernier. La monnaie ukrainienne (hryvnia) a également perdu un cinquième de sa valeur face au dollar.

Selon notre département de recherche, il faudrait déjà travailler à la reconstruction malgré le fait que la guerre continue de battre son plein. Ce travail de reconstruction est nécessaire pour renforcer la résilience socio-économique du pays. La guerre mine le pays, non seulement par la souffrance humaine, mais également par la destruction des infrastructures qu'elle cause. Les processus de production sont perturbés et les flux commerciaux se déplacent. Nous estimons que les coûts de reconstruction de l'Ukraine pourraient s'élever à 1 000 milliards d'euros sur les 10 prochaines années.

L'Ukraine ne peut pas se le permettre sans aide. Les coûts de la reconstruction du pays sont largement pris en charge par les pays occidentaux (non seulement par les gouvernements, mais aussi par les investisseurs privés). Même si la guerre d'agression russe se poursuit et qu'il y aura encore beaucoup de dégâts, les principaux éléments qui constituent cet effort international devront être entrepris dès maintenant.

Les travaux de reconstruction devront se concentrer sur les investissements dans les infrastructures, les services de santé, le logement, les écoles et l'accessibilité numérique. Ce plan de reconstruction permettra redonner un avenir au pays et pourrait amener les réfugiés ukrainiens à décider de rentrer chez eux. Les relations logistiques et commerciales avec l'Europe devront également être restaurées et améliorées. Puisque que les pays occidentaux prennent la tête de la reconstruction, l'intérêt qu'auront les investisseurs privés à investir dans la reconstruction du pays augmentera également. 

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