La hausse des taux d’intérêt vise, entre autres, à inciter les entreprises à moins emprunter. Cependant, à l’échelle mondiale, l’endettement des entreprises augmente. Cela accroît la vulnérabilité d’un nombre croissant de PME. Nous mettons en garde contre les conséquences des prochaines hausses de taux d’intérêt dans la zone euro et aux États-Unis.

D’une part, bon nombre de transitions (électrification, numérisation, robotisation) supposent que les entreprises continuent d’investir pour rester compétitives. D’autre part, les marges s’amenuisent en raison de l’augmentation des coûts (salaires, énergie, intérêts). Les entrepreneurs veulent à tout prix rester dans la course et ne pas prendre de retard, et sont prêts à s’endetter davantage à cet effet. Mais étant donné que la hausse des taux d’intérêt se poursuit, ils prennent coup sur coup, avec la conséquence que les PME les plus faibles se retrouvent dans l’incapacité de faire face à leurs obligations.

Nous estimons que pour ce qui concerne l’Europe que 18 % des PME au Royaume-Uni, 10 % en France et 7 % en Allemagne seraient en difficulté si les taux d’intérêt devaient encore augmenter de 200 points de base.

La hausse des taux d’intérêt, combinée à d’autres facteurs, pourrait également frapper durement les grandes entreprises et les mettre hors-jeu. Johan Geeroms, notre Directeur Risk Underwriting Benelux cite en exemple le secteur du commerce de détail. « Au cours du seul premier trimestre, 11 distributeurs dans ce secteur réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 50 millions d’euros ont fait faillite en Europe. Ensemble, ils représentaient un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros. Lorsque de grandes entreprises chutent, cela a souvent de fortes répercussions sur tout un réseau de fournisseurs et d’acheteurs. »

Les entreprises traversent une période déroutante, marquée par un grand nombre de changements et beaucoup d’incertitude. Quelle sera l’évolution des prix de l’énergie en hiver ? La pénurie du marché du travail. Les risques géopolitiques qui pourraient avoir un impact considérable. Pensez aux élections américaines, à la guerre en Ukraine ainsi qu’aux déficits et coupes budgétaires à venir. Dans ce climat d’incertitude, les entreprises doivent également composer avec les banques et les organismes financiers qui durcissent de plus en plus les conditions et relèvent les taux d’intérêt.

Malgré la hausse des taux d’intérêt, la dette des entreprises augmente. L’année dernière, la dette nette des plus grandes entreprises a connu une hausse de 6,2 %. De nombreuses entreprises empruntent de l’argent pour refinancer leur dette actuelle. Il y a quelques années, emprunter de l’argent était encore pratiquement gratuit. Ce temps est révolu, de sorte que les anciennes dettes deviennent soudainement un boulet à traîner. Pour les entreprises déjà en difficulté, il devient de plus en plus difficile d’emprunter de l’argent.

Selon Johan Geeroms : « Nous entrons dans une période tendue qui peut évoluer dans deux directions. L’équilibre est précaire et il suffit de très peu de choses pour qu’une régression importante se produise. »

Sur base des chiffres dont nous disposons, nous continuons à penser que la légère récession actuelle dans la zone euro et, plus tard dans l’année, aux États-Unis, se terminera par un atterrissage en douceur. Nous prévoyons une croissance limitée du PIB mondial en 2023 et 2024. En 2023, +2,5 % et en 2024, +2,3 %. Mais cela requiert une absence d’événements troubles ou d’actes irrationnels. Et les banques centrales ne devraient pas poursuivre exagérément leurs politiques restrictives.

L’inflation joue un rôle majeur. Celle-ci devrait montrer une nette tendance à la baisse. Mais nous nous attendons à ce que la BCE relève encore ses taux d’intérêt à deux reprises cette année (en juillet et en septembre). L’assouplissement ne devrait pas intervenir avant la mi-2024.

« Le maintien de taux d’intérêt élevés entraînera un nombre considérable de faillites dans un avenir proche », déclare Johan Geeroms.

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