• Partout dans le monde, les entreprises paient leurs factures de plus en plus tard. En moyenne, le DSO mondial (le nombre de jours qui s’écoulent entre l’émission d’une facture et son encaissement) a augmenté de 3 jours pour atteindre 59 jours en 2023, ce qui représente la plus forte hausse depuis 2008.
  • Partout dans le monde, les entreprises ont besoin de plus en plus de fonds de roulement pour financer les activités opérationnelles au quotidien. Converti en nombre de jours de chiffre d’affaires, le WCR mondial (le besoin en fonds de roulement) a augmenté de 2 jours pour atteindre 76 jours en 2023, soit la troisième augmentation consécutive.
  • En Europe plus particulièrement, les entreprises risquent de devoir attendre encore plus longtemps pour obtenir leur argent dans les années à venir. La baisse des bénéfices et l’augmentation constante des coûts d’exploitation en sont la cause. Les risques de défaut de paiement augmentent en conséquence.
  • L’Europe souhaite réduire les délais de paiement. Mais réduire le délai de paiement de 60 à 30 jours (de manière contraignante) entraînera des problèmes de financement pour de nombreuses entreprises

Selon Johan Geeroms, notre Directeur Risk Underwriting Benelux, les entreprises européennes rencontrent de plus en plus de difficultés avec le fonds de roulement dont elles disposent pour leurs activités opérationnelles au quotidien. « Elles obtiennent moins facilement des crédits, dont les coûts associés ont également augmenté. À cela s’ajoute le fait que les marges diminuent dans une large mesure. Les entreprises recherchent une marge de manœuvre supplémentaire. Par exemple, en payant les factures plus tard. De cette manière, leurs fournisseurs leur servent de financiers. Mais si toutes les entreprises agissent de la sorte, cela crée un effet boule de neige. Les problèmes de paiement et les défauts de paiement deviendront dès lors de plus en plus fréquents. »

Notre étude montre que les besoins mondiaux en fonds de roulement ont augmenté pour la troisième année consécutive. Converti en jours, cela équivaut à un chiffre d’affaires de 76 jours en 2023 (+2 jours par rapport à 2022), sous l’effet d’une croissance économique plus faible et d’une hausse des coûts d’exploitation et de financement. Malgré les différences de dynamique économique à l’échelle mondiale, la hausse continue du WCR semble s’être généralisée dans les principales régions économiques.

Dans l’ensemble, la moitié des pays de notre échantillon affichent une hausse du WCR en 2023, et deux pays sur cinq dépassent la moyenne mondiale, à savoir la France (+5 jours) et l’Allemagne (+5) en Europe occidentale, ainsi que la Chine (+3 jours) et le Japon (+3) en Asie-Pacifique. Fin 2023, le BFR s’élevait à 81 jours en Asie Pacifique (+2 jours), 69 jours en Europe occidentale (+1 jour) et 70 jours en Amérique du Nord (+1 jour).

Le délai moyen de paiement (DSO) est apparu comme le principal facteur d’augmentation du WCR, en hausse de 3 jours pour atteindre 59 jours en 2023. Il s’agit de la plus forte hausse depuis 2008 et d’un quasi-doublement de celle de 2022. Cela signifie que de plus en plus d’entreprises attendent plus longtemps d’être payées, ce qui augmente le risque de problèmes de trésorerie. Fin 2023, 42 % des entreprises au niveau mondial avaient des délais de paiement excédant 60 jours de chiffre d’affaires.

En Europe, cela concernait 44 % des entreprises, soit un niveau correspondant à la moyenne mondiale. En Asie, nous avons constaté que 46 % des entreprises se situaient au-dessus de la moyenne mondiale. En Amérique du Nord, 33 % des entreprises se situaient en dessous de la moyenne. Néanmoins, la quasi-totalité des 22 secteurs que nous suivons au niveau mondial ont vu leur DMP augmenter en 2023. En raison, entre autres, des excédents de stocks, le BFR a augmenté dans les matériels de transport (114 jours de chiffre d’affaires), l’électronique (114) et les machines (113). Viennent ensuite le textile, la pharmacie, la métallurgie et la chimie, tous ces secteurs faisant face à un BFR supérieur à 90 jours.

D’après notre étude, en Europe, la baisse de la rentabilité est le principal facteur d’augmentation du DSO (plus encore que les difficultés de financement ou les influences cycliques). Dans ce contexte, le ralentissement de la demande mondiale en 2024, combiné à des coûts d’exploitation qui restent élevés, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dégradation des conditions de paiement, en particulier en Europe.

Selon nos chercheurs, une baisse de rentabilité de -1 point de pourcentage peut prolonger le délai de paiement des factures de plus de 7 jours. Avec la contraction de la rentabilité qui se profile en 2024, les entreprises européennes doivent s’attendre à des délais de paiement plus longs. Cela pourrait accroître la pression sur les flux de trésorerie et éventuellement augmenter le risque de non-paiement dans la zone.

Il est crucial de remédier aux retards croissants de paiement des factures pour assurer la résilience des entreprises européennes. La proposition de la Commission européenne à cet égard pourrait se traduire par une réduction des délais de paiement en Europe, qui passeraient des 60 jours actuellement recommandés à 30 jours (contraignants). Le Parlement européen a ajouté que le délai de 60 jours reste possible s’il est convenu contractuellement (et qu’un délai de 120 jours peut également s’appliquer pour des marchandises spécifiques). Malgré cet assouplissement, qui rend la mesure moins drastique, la flexibilité financière des entreprises est considérablement réduite.

D’après notre étude, au quatrième trimestre 2023, 40 % des entreprises européennes ont dépassé la limite de 60 jours pour payer leurs factures. La nouvelle mesure place de nombreuses entreprises dans une situation de « déficit de financement ». D’un point de vue macroéconomique, cela a également un impact significatif.

Pour réduire les délais de paiement à 30 jours, les entreprises européennes auraient besoin de 2 000 milliards d’euros de financement supplémentaire. Aux taux d’intérêt actuels, cela entraînerait une augmentation des paiements d’intérêts des entreprises de 100 milliards d’euros. Cela équivaudrait à une perte de marge de -2 points de pourcentage. En outre, des délais de paiement trop rigides peuvent mettre en péril la compétitivité des PME européennes en encourageant les entreprises à se tourner vers des fournisseurs situés en dehors de l’UE. Dans ce contexte, les décideurs politiques devraient prendre en compte les éventuels effets négatifs.

Et Johan Geeroms de conclure à propos de la hausse du DSO (délai moyen de paiement) : « Les factures payées de plus en plus tard sont particulièrement problématiques, surtout pour les PME. Le client confisque de plus en plus longtemps l’argent qui vous appartient. Les PME ne jouissent pas de la marge de manœuvre nécessaire pour gérer cette situation en douceur. Par ailleurs, cette situation n’est pas sans risque, car le report peut finalement se transformer en abandon. De nombreuses entreprises n’osent pas faire pression sur leurs clients. Or, nous savons par expérience qu’il est au contraire professionnel et très judicieux de réagir de manière proactive dès le premier dépassement du délai de paiement. Appelez l’entreprise et demandez pourquoi aucun paiement n’a encore été effectué. Montrez que vous ne souhaitez pas perdre de temps. De cette façon, vous vous assurez d’être parmi les premiers servis lorsque les paiements seront effectués. Toute entreprise saine a une politique stricte en matière de comptes clients. »

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