Selon les chiffres de Statbel, les faillites se multiplient. Les sociétés de transport sont les plus durement touchées. Le nombre de faillites dans le secteur du transport en Belgique a augmenté de plus de 50 % depuis le début de cette année. Le climat général est loin d'être serein. D'abord le Brexit, puis le coronavirus, maintenant la guerre en Ukraine. La coupe est pleine.

La guerre frappe doublement les entreprises de transport. Elle augmente les coûts et elle perturbe également les chaînes d'approvisionnement. L'approvisionnement n'a plus jamais été normalisé depuis que le coronavirus a enfermé la planète. Et il ne le sera pas de sitôt. Même si les délais d'attente dans les ports ont diminué et que les délais de livraison s'améliorent lentement, le système d'approvisionnement interconnecté restera perturbé jusqu'en 2023 (et plus longtemps si la guerre se poursuit).

Côté coûts, le tableau n'est pas plus rose. Le carburant et les salaires sont les principaux postes de dépenses pour les entreprises de transport. Si le prix du baril de pétrole Brent est passé sous la barre des 100 dollars, il est toujours bien supérieur à 65 dollars, le prix d'il y a un an. À cela s'ajoute l'augmentation de 3,21 % des coûts salariaux à partir du 1er janvier. Au début de l'année prochaine, les salaires augmenteront encore de plus de 10 %.

Selon toute logique, la réaction attendue d'un transporteur serait d'augmenter également ses prix. Ne serait-ce que temporairement, en raison des circonstances actuelles exceptionnelles. Mais c'est précisément là que réside le problème. La concurrence est si féroce que les clients passent tout simplement à un autre transporteur (moins cher). C'est ainsi que les entreprises s'entretuent.

L'ITLB prévoit également une forte augmentation du prix d'achat et des coûts d'entretien des véhicules. Les coûts d'amortissement des camions augmentent d'un quart. Les frais d'assurance vont également monter en flèche de près de 9 %. Le financement deviendra 16% plus cher, affirme l'institut belge.

Et puis il y a le problème de la pénurie de personnel. Le vieillissement des chauffeurs frappe inexorablement et les nouvelles recrues sont limitées. En conséquence, la qualification des conducteurs laisse à désirer. En cas d'extrême nécessité, on embauche du personnel qui n'a pas les compétences requises. Et puis il y a la concurrence de l'étranger. Les transporteurs polonais, roumains ou bulgares travaillent pour des tarifs nettement inférieurs.

En fin de compte, la question pour toute entreprise est : quel bénéfice reste-t-il au final ? Il était déjà minime dans le secteur des transports et sera encore moindre, si profit il y a. Dans l'ensemble, les entreprises consomment leurs actifs. Le fonds de roulement est sous pression, ce qui conduit à la recherche de solutions extrêmes. Comme payer les factures entrantes avec du retard. Les dettes augmentent également. Tout cela ne peut pas continuer. Allianz Trade s'attend à une augmentation explosive du nombre de faillites dans le secteur des transports (et ailleurs également).

Bien sûr, les petites entreprises sont plus vulnérables. Plus les entreprises sont petites, moins elles ont de possibilités de répartir les coûts fixes (tels que l'entretien planifié, les immeubles de bureaux, les assurances, les frais généraux, etc.). Pour maintenir les coûts moyens à un niveau bas, il faut beaucoup rouler. C'est difficile quand il y a pénurie de personnel. Le poids de négociation des petites entreprises est également plus faible. En somme, elles ont moins de réserves, ce qui les frappe plus durement si quelques factures conséquentes ne sont pas payées.

Mais les grandes entreprises peuvent également être durement touchées. Si quelque chose ressort de ces dernières années, c'est que les entreprises qui s'effondrent sont de plus en plus grandes. « Too big to fail » n'est plus d'actualité. Et c'est extrêmement inquiétant. Les grandes entreprises peuvent entraîner toute une série d'autres entreprises dans leur chute. Trois grands acteurs belges (50 à 99 salariés) ont déjà fait faillite cette année.

Les marges infimes rendent les sociétés de transport extrêmement vulnérables au défaut de payement. La perte d'un gros client pourrait sonner le glas d'une entreprise de transport. L'assurance-crédit leur offre une « sécurité de paiement » et leur permet de se protéger. Si le client ne paie pas la facture, l'assureur versera le montant. Les entrepreneurs évitent ainsi que leur entreprise ne soit affectée par un défaut de paiement. Cette sécurité apporte la tranquillité d'esprit nécessaire pour permettre à l'entrepreneur de se concentrer sur l'entreprise elle-même.

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